Exposition des photographies Maliennes à Kidal 1960-2010: Notre Histoire?

On ne célèbre pas ainsi une autorité, un gouvernement, quand un peuple est oppressé, nié, humilié par ce même gouvernement .
Notre territoire est devenu cette terre de malheur et de tristesse. Des dizaines de morts, des tueries quotidiennes les plus atroces, les tortures, les humiliations et la haine si profondément alimentée. Tout le peuple de l’Azawad reconnait aujourd’hui que, « la situation est complexe ». On connait que le régime en place instrumentalise la misère sociale et répandent partout l’horreur meurtrière. On sait également, que derrière la façade du pouvoir institutionnalisé, il existe des clans de responsables qui tirent un profit odieux de ces massacres, et qui ne sont pas mecontents de les voir se poursuivre, quand ils n’en sont pas les complices.

La prise de conscience de cette réalité a amené nombre d’intellectuels à condamner, avec raison la violence et ses auteurs. On a condamner , la violence (répressions des années 1990) , déplorer les morts (assassinats collectifs à Gao-Léré-Ber…) , mais la lassitude de l’horreur gagne et l’on s’installe désormais dans une sorte d’attentisme passif « jusqu'à cela s’arrête » par crainte, à son retour, instrumentalise tel ou tel groupe, comme par le passé.

La situation s’enlise, l’Azawad est déchiré, et nous sommes des spectateurs muselés devant le drame de l’inhumanité. La complexité a produit une bien étrange simplification de la réalité et les analyses les plus réductrices rivalisent de profondeur. Les sociétés ne se reformeront pas par des mesures répressives et des châtiments, mais l’engagement de chacun à établir l’Etat de droit, la société, le respect de la volonté populaire et une législation juste garantissant l’égalité des genres, des pauvres et des riches devant la loi.

Le gouvernement Malien a-t-il pris acte des changements considérables de ces dernières années : sont-ils au clair, au delà des simples discours de circonstances, sur la profonde réalité des citoyens de l’Azawad ?

On peut en douter, compte tenu des traitements différenciés auxquels nous assistons. Tout se passe comme si les azawadis devaient faire l’impasse de la moindre pratique visible de leur idée…

La pratique, la visibilité et a fortiori l’engagement associatif, ne sont pas politiquement correctes. Ici s’est le règne du soupçon caractérisé, entretenu jour après jour par la phobie sécuritaire. Tout se passe comme si l’on ne traitait pas avec des citoyens, mais de potentiels suspects menaçant l’équilibre de la nation. Ceux revendiquant, à plus de justice sociale se voient associés aux dossiers politiques les plus nébuleux : la confiance ici, est considérée comme de la naïveté. Ce ne sont pas des citoyens dans l’Etat, mais plutôt des loups dans la bergerie. Avec ces derniers le dialogue est une sommation…l’habilité consiste à soigner les formes. Les plus beaux discours sur l’intégration, le respect de la diversité culturelle, ne changent en rien la réalité du quotidien des Azawadis.

Déjà, ils rappellent :

· Que la dignité d’un Etat, comme la bonne santé d’une société, se mesure à l’aune de l’égal respect de tous les citoyens…

· Que l’Etat de droit à des règles qu’il faut respecter et appliquer, ils continueront à le rappeler si l’on persiste à oublier. La menace sécuritaire, ne peut suffire à justifier ces répétés dénis de droit et l’entretien de cette image d’Azawad suspect et mal intentionnés ne tiendront pas à l’épreuve du temps.

Concernant la fête des 50 années dites «Indépendance», à l’mage de l’exposition tenue à Kidal le 13 Mars 2011, on ne peut pas se laisser piéger par des actes hautement politiques et symboliques que l’on nous présente comme des gestes « purement culturel »

Nous avons un devoir de cohérence : pas de critiques sélectives, pas de lâches complicités silencieuses, pas de culture sans éthique, ni dignité. L’idée de cette exposition est de présenter les réalisations du gouvernement en ces 50 ans, mais hélas, ils n’ ya que de la suprématie à exposer. Les images de ces hommes qui n’ont pas hésité à bruler et détruire tout les patrimoines des populations sahariennes à travers l’histoire. Seulement des œuvres témoignant de la présence du Mali en 50 ans.

A défaut d’exposition de réalisations, les organisateurs n’ont que des photographies grand format à présenter ; cela témoigne des difficultés pour les organisateurs de cette cérémonie du cinquantenaire sans finalité. Cette exposition n’a pas su présenter les aspects particuliers de l’Azawad, étant donné qu’elle se déroule dans une région importante de l’azawad.

Boycotter, à lorsque des populations sont écrasées, tient de la dignité humaine et de la décence intellectuelle. Au demeurant, ce sont eux qui ont fait ce choix et qui ont imposé l’amalgame et la confusion au sein de l’opinion nationale : on ne célèbre pas ainsi une autorité, un gouvernement, quand un peuple est oppressé, nié, humilié par ce même gouvernement.

Ces lignes…pour les femmes, les hommes, du monde dominé, pour celles et ceux qui sur la route, sont restés debout…pour les ami(es) de cette résistance, qui ont décidé de n’accepter aucun silence complice, ni aucune

dénonciation sélective.

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