Coordination de Mouvements
de L’Azawad
C.M.A
Le Comité Directeur
Declaration Relative au régime des sanctions prévues par la resolution 2374/2017
La CMA, au même titre que l’opinion nationale malienne prend note de l’inscription en date du 10 Juillet 2017 de certains éléments issus principalement des mouvements signataires sur la liste des personnes visées au titre des sanctions prévues par la résolution 2374/2017 adoptée par le Conseil de Sécurité en sa séance du 05 Septembre 2017.
La CMA s’était félicitée en son temps de la création du Comité de Conseil de Sanctions et avait proposé son appui pour faciliter la noble mission assignée à cette instance onusienne dans l’espoir qu’elle puisse faire la lumière sur tous les obstacles qui entravent la mise en œuvre intégrale de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du processus d’Alger.
C’est dans ce cadre que la Délégation CMA au sein du CSA à Bamako a rencontré à plusieurs reprises les membres de la mission avec lesquels, elle a eu des échanges francs.
En dépit de cette prédisposition toujours effective, la CMA enregistre avec réserves qu’un de ses membres, en la personne de Monsieur Ahmed Ag El-Bachir tombe sous l’application du paragraphe 1 – aliéna 8b et 8e avec un résumé de motifs accablants, sans aucune présomption d’innocence.
La lecture des présumées charges retenues contre Monsieur Ahmed Ag El-Bachir oblige la CMA à rappeler qu’en l’absence d’une autorité administrative de régulation des affaires courantes de la ville, notre Comité Directeur avait pris l’initiative de créer un Comité de gestion de la Ville de Kidal qui se déclinait en plusieurs commissions dont la question humanitaire était et reste la plus sensible. La qualité de gestionnaire rigoureux qualifiait Mr Ahmed Ag Elbachir mieux que tout autre à assumer les lourdes charges de cette question pour une période n’excédant pas six mois écoulés bien avant la création du Comité de sanctions.
Toutes ces commissions étaient supervisées par le Comité Directeur de la CMA qui n’a jamais été interpellé, ni jamais enregistré la moindre plainte ni doléance émanant d’aucune organisation humanitaire encore moins des populations ciblées à l’endoit de Mr Ahmed Ag EL-Bachir.
La CMA exhorte les membres de la mission de prendre attache avec les représentants des ONG pour de meilleures investigations dans ce cadre.
Mieux encore, la CMA avait crée une escouade spéciale (en son sein (CSMAK) sous le contrôle de son responsable en charge des questions de Défense et de Sécurité dans le souci de sécuriser les personnes et les biens, toute initiative qui a largement porté des fruits en faisant de Kidal, l’une des villes les plus sécurisées des région de l’Azawad.
C’est en application de l’Article 49 de l’Accord qu’aucun convoi humanitaire n’a jamais été inquiété dans toute la région malgré le climat malsain qui y sévissait et c’est en partie grâce à l’implication personnelle de toutes les notabilités locales y compris celle d’Ahmed Ag El-Bachir incriminé.
L’insertion qui fait croire que Monsieur Ahmed Ag El-Bachir est capable de faire « obstacle à l’acheminement de l’aide humanitaire destinée au Mali » démontre à suffisance la déficience des accusations dans la mesure où aucune aide venant de l’extérieur ne peut transiter par Kidal pour la simple raison que la seule frontière mitoyenne avec le Mali est celle de l’Algérie qui est officiellement et hermétiquement fermée depuis 2013 à nos jours.
La CMA saisit l’occasion pour poser la question de savoir comment des projets humanitaires et de développement destinés à Kidal peuvent tomber sous l’influence néfaste de l’un de ses membres alors que c’est là l’un des griefs retenus contre la partie gouvernementale et qui fondent le socle de notre lutte ? Convenez que s’il y a eu empêchements ou influences, cela n’aurait pu être possible qu’au niveau décisionnel, c’est-à-dire à Bamako où ni la CMA encore moins ses membres ne disposent d’aucun pouvoir pour proscrire leurs réalisations.
La CMA déplore également que le Comité des sanctions retienne que Monsieur Ahmed Ag El-Bachir serve de relais entre elle et Ansardine et ce malgré tous nos démentis concernant une quelconque relation avec cette entité. Nous estimons que ce genre d’accusations stigmatisantes ne sont pas de nature à faire avancer un Accord qui peine à sortir du périphérique après 4 années d’une attente faite de compromis et de déceptions qui ont émoussées tous les espoirs nés après sa signature.
Pour éviter de rester dans la subtilité des détails anodins, la CMA est au désespoir de constater que tous les motifs cités par le Comité de sanctions sont entachés d’inexactitudes et ne sauraient par conséquent constituer des preuves de culpabilité.
La CMA est d’autant plus inquiète quant à l’impartialité nécessaire qui doit animer l’esprit de la mission. Après deux rounds, nous constatons avec amertume que toutes les personnes visées par les sanctions proviennent des mouvements signataires et non de toutes les parties comme prévu dans la résolution.
Vouloir réduire les obstacles de la mise en œuvre de l’Accord issu du processus d’Alger à quelques allégations au demeurant subjectives et spécialement focalisées sur le Nord martyrisé, relève du prolongement de la culture de l’impunité, celle-là même qui est en principe la raison de la création du Comité de sanctions.
Nous ne manqueront pas de relever que la partie gouvernementale, clé de voûte de la réussite ou de l’échec de cet Accord n’est point inquiétée malgré qu’elle s’est illustrée par une multitude d’acrobaties depuis le début et par une absence manifeste de bonne volonté à tenir ses engagements.
Cette politique du deux poids deux mesures ternit largement l’image du Comité de Sanctions et réduit à notre sens sa crédibilité. Elle doit répondre aux besoins de sa création et des objectifs assignés par le Conseil de Sécurité en réduisant au minimum l’injustice comme mode d’administration des populations exacerbées par la constance et l’unilatéralité des mesures coercitives qui au lieu d’atténuer, alimentent les causes profondes de la crise.
La CMA rappelle que l’un des
creusets de sa lutte repose sur l’égalité de traitements en tous lieux et en toutes circonstances. Depuis la signature de l’Accord, elle a démontré sa fiabilité malgré toutes les pressions et continuera de maintenir le cap de la concorde nationale espérant que tous les partenaires fassent preuve de bonne foi.
Kidal, le 12 Juillet 2019
Le President de la CMA
M. Sidi Brahim Ould Sidatt